Un article de Pierre Salamé sur Éric Koechlin doit paraître dans le prochain bulletin.
Voici les témoignages complets des personnes avec qui Pierre a échangé pour la rédaction.
Anne BOIXEL
Éric a été mon premier entraîneur national (83 - 87), période ou il était en charge de l'équipe féminine. Il a été une personne déterminante dans mon parcours de vie alors que je ne faisais que démarrer dans l'activité (81). Chacune de ses rencontres étaient riches d'enseignement et toujours orientées vers l'excellence. Je retiens l'omniprésence de stratégies collectives et individuelles orientées vers la gagne. Toutes les situations d'entraînement étaient l'occasion de développer, expérimenter le dépassement de soi et la victoire. Très méthodique dans sa démarche, s'appuyant sur des points forts identifiés, il a su m'aider à construire et booster ma confiance. Il avait aussi cette capacité à aborder tous les sujets de la performance même les plus délicats. C'était un précurseur avec une incroyable force de proposition.
Mais "qu'est ce qu'on en a bavé, qu'est que j'en ai suée !" On est sur la fin des années 80, l'entraînement est orienté sur le volume. Je me rappelle ces stages à 3 grosses séances par jour. Il ne lâchait rien, moi non plus… Il avait cette capacité à prendre la posture professionnelle adéquate, à faire des choix tranchés. Dur dans le coaching, il savait montrer sa bienveillance, son empathie comme entraîneur. Par ses écrits, il véhiculait beaucoup de connaissances, messages, encouragements : mots de félicitations, d'encouragement, plans d'entrainement, rapports de stage (riches techniquement), bilan d'entretien individuel, bilan catégoriel. J'ai quasiment tout conservé !
Je n'aurai pas fait de haut niveau sans rencontrer Eric. J'en suis convaincue.
Il est resté la personne auprès de laquelle je trouvais mes réponses.
Je pense souvent à lui. Il reste une source d'inspiration.
Daniel CURTIL
Ce retour sur le passé m’amène à confirmer que nous nous sommes côtoyés une grande partie de notre vie.
Nos destins se sont croisés Quai de la Marne, et nous avons fait un grand bout de route ensemble
En ce qui me concerne, 3 olympiades à la FFCK, 5 années aux jeux méditerranéens, puis quelques années dans les services extérieurs du ministère des sports, soit presque durant 20 ans !
Avec des cultures, des caractères, des fonctionnements différents, nous nous sommes toujours bien compris et complétés efficacement.
Ses origines Alsaciennes et Franc Comtoise pour moi expliquent en partie cette amitié et cette volonté de réussir.
Dans les images qui m’ont marqué, je le revois arpenter les bassins avec un énorme magnétoscope sur le dos, une antenne de sa radio volumineuse s’agitant en l’air, tel un sherpa, à l’époque où ces outils commençaient à poindre.
Il était toujours à la pointe de toutes les nouvelles technologies et en faisait profiter ensuite les autres entraineurs.
Une autre image qui me revient, c’est notre parfaite complémentarité. Lorsque j’imaginais un projet de développement, il sautait dessus et en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, il était de retour avec un dossier qui concrétisait le tout : budget, modalité, type de sélection, etc. tout était prêt !!!
Une caractéristique me traverse aussi l’esprit.
Eric paraissait toujours un peu froid, avec des premiers contacts peu ouverts, mais c’est avec les femmes qu’il a le mieux performé !!!
On dit que pour plaire à une femme, il faut la faire rire… et ce n’était pas son style… mais finalement il en a séduit plus d’une qu’il a emmené sur le haut des podiums, comme quoi !!!
Daniel Curtil
Myriam Fox
Ceux qui ont vécu les années 70 / 80 à la FFCK sauront qu’Éric, entraineur national de l’époque, a pris en charge la catégorie des K1 dame car aucun coach n’en voulait. Les challenges : il les aimait. A chaque problème, une solution aimait-il répéter. Rien n’était un obstacle.
Quelques années plus tard, les K1D sont devenues leaders au niveau mondial avec les médailles de Jocelyne, Papia et mon premier titre mondial en 89.
Depuis Éric a été omniprésent dans ma carrière d ‘athlète et m’influence encore aujourd’hui en tant que coach.
Passionne par le haut niveau, Éric n’avait de cesse de se tenir à la pointe du progrès. Innovateur dans l’âme. Il avait des idées parfois folles mais certainement novatrices.
Sous sa carapace d’introverti, le côté humain prédominait. Nous étions toutes très différentes mais uniques et spéciales à ses yeux.
Il a essayé de nous comprendre ,de nous aider et de nous défendre dans un sport ou les catégories masculines dominaient.
Sa patience, sa détermination, son désir d’empathie entre autres ont été des exemples pour ceux qui l’ont côtoyés.
Je peux témoigner de son côté humain, de sa générosité et de son courage.
Aujourd’hui encore, je souris quand je pense que le matin des championnats du monde de 1989, je découvre que mon dossard est parfaitement ajusté sur mon gilet et que quelqu'un pendant la nuit l’avait cousu …
Pour minimiser les risques de touches et sans rien me dire, il avait pris l’initiative de faire de la couture sur mon matériel de course !...
Éric , c’ était quelqu'un sur qui j’ai pu compter, qui a été présent même lorsqu’il ne faisait plus parti de la FFCK, même lorsque je suis partie en Australie.
Ce fut une collaboration, une amitié de toute une vie. Aujourd’hui encore Éric est toujours là.
Papia PRIGENT
Nous n’en avons pas forcément été conscientes sur le moment, mais avec Eric, tout était très réfléchi, organisé, il anticipait tout. C’était un excellent technicien, mais si je devais le définir cela n’a pas été le plus important, pour moi, il a surtout réussi à nous donner confiance. En quelques mots clefs je choisirais : généreux, bienveillant, exigeant, novateur, humaniste.
Humaniste au sens « être humaniste, c'est avant tout être sincère ».
Eric a toujours été sincère et direct avec nous, avec une extrême bienveillance et en faisant toujours preuve de pédagogie.
Bien avant tout le monde, il a su mettre les athlètes en devenir que nous étions au centre du projet, avec nos qualités et nos défauts. Il a su naviguer avec intelligence dans ce groupe que nous avons constitué pendant de longues années – et ce n’était pas simple tant nous étions différentes….
Je garde le souvenir d’un engagement de tous les instants d’Eric pour nous, pas de préférée, nous avions toutes notre chance, et une grande l’attention personnalisée, les « anciennes » comme les « nouvelles ». L’intégration des nouvelles justement se passait plutôt bien.
Je n’ai malheureusement pas pris assez le temps de lui dire merci aussi, à travers ces lignes, je suis heureuse de pouvoir l’écrire « MERCI-MERCI-ERIC » pour cet accompagnement qui fut tellement innovant, intelligent, plaisant, et surtout si performant ! Je souhaite à tous les athlètes de pouvoir être accompagnés un jour par un.e tel.le entraineur.e.
J’en profite aussi pour remercier Dominique, sa femme, ma sœur, qui l’a soutenu tout au long de sa carrière d’entraineur et a largement contribué à ces nombreux succès.
Jocelyne ROUPIOZ
Eric a été un artisan méthodique avec moi avant de devenir un maître d'orfèvre de la catégorie K1 dames en slalom.
De 1978 à 1981, année de ma 3ème place aux championnats du Monde de Bala et de cette 1ère médaille française mondiale dans la catégorie, il a su me trouver des solutions structurelles, organiser, sans pression ou grands coups de gueule, ma façon de gérer mon entrainement, mes émotions, mes coups de mou, mon envie de gagne. Analyser avec moi, souvent en de longs échanges, ce qui avait fait que je me classe bien voir gagner une course ou au contraire, les raisons d'un "plantage". Nous n'avions pas une grande différence d'âge, il a su comprendre le rôle parfois essentiel de la présence sur des stages ou compétitions de mon compagnon.
Il fallait être bien « accro » pour persévérer en K1D au sein de l'équipe de France jusqu'en 1977 !!! Eric, par une approche humaine et réfléchie, a su montrer et prouver sa vision du potentiel de la catégorie. Je suis fière d'avoir été un élément de cette ascension. Et, au-delà de ma propre médaille à Bala, j'ai été tellement heureuse pour lui et nous, les Kayaks Dames, quand le 19 juin 1983, jour de naissance de mes filles, les françaises sont montées sur la plus haute marche du podium en équipe à Merano.
C'est le même Eric que j'ai recroisé bien plus tard, via nos carrières professionnelles, toujours avec cette dose de volonté et d'humanisme et ayant su garder, au-delà de leur carrière sportive, une relation complice avec "ses dames".